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 Le vieil Hugo dans l'arène

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Brunette
La Guêpe
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Cathy
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La Guêpe
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La Guêpe


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MessageSujet: Re: Le vieil Hugo dans l'arène   Le vieil Hugo dans l'arène - Page 3 EmptyJeu 5 Mai à 22:03:43

Cathy a écrit:

moi aussi ça m'a marqué ces quelques mots...par contre quand je compare avec ma première fois,je me marre...heureusement que je n'ai pas attendu le mariage,moins de pression... :rideau:


Si une jouvencelle (ben quoi, ça peut exister encore, non ?) lit ce texte, elle est morte de trouille et rentre illico presto dans les ordres.

:jap:

P'tain...pourrissement en vue. Va swinguer.
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La-Croquante
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La-Croquante


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MessageSujet: Re: Le vieil Hugo dans l'arène   Le vieil Hugo dans l'arène - Page 3 EmptyJeu 5 Mai à 23:51:36

AU LECTEUR

La sottise, l'erreur, le péché, la lésine,
Occupent nos esprits et travaillent nos corps,
Et nous alimentons nos aimables remords,
Comme les mendiants nourrissent leur vermine.

Nos péchés sont têtus, nos repentirs sont lâches ;
Nous nous faisons payer grassement nos aveux,
Et nous rentrons gaiement dans le chemin bourbeux,
Croyant par de vils pleurs laver toutes nos taches.

Sur l'oreiller du mal c'est Satan Trismégiste
Qui berce longuement notre esprit enchanté,
Et le riche métal de notre volonté
Est tout vaporisé par ce savant chimiste.

C'est le Diable qui tient les fils qui nous remuent !
Aux objets répugnants nous trouvons des appas ;
Chaque jour vers l'Enfer nous descendons d'un pas,
Sans horreur, à travers des ténèbres qui puent.

Ainsi qu'un débauché pauvre qui baise et mange
Le sein martyrisé d'une antique catin,
Nous volons au passage un plaisir clandestin
Que nous pressons bien fort comme une vieille orange.

Serré, fourmillant, comme un million d'helminthes,
Dans nos cerveaux ribote un peuple de Démons,
Et, quand nous respirons, la Mort dans nos poumons
Descend, fleuve invisible, avec de sourdes plaintes.

Si le viol, le poison, le poignard, l'incendie,
N'ont pas encor brodé de leurs plaisants dessins
Le canevas banal de nos piteux destins,
C'est que notre âme, hélas ! n'est pas assez hardie.

Mais parmi les chacals, les panthères, les lices,
Les singes, les scorpions, les vautours, les serpents,
Les monstres glapissants, hurlants, grognants, rampants,
Dans la ménagerie infâme de nos vices,

Il en est un plus laid, plus méchant, plus immonde !
Quoiqu'il ne pousse, ni grands gestes ni grands cris,
Il ferait volontiers de la terre un débris
Et dans un bâillement avalerait le monde ;

C'est l'Ennui ! - l'oeil chargé d'un pleur involontaire,
Il rêve d'échafauds en fumant son houka
Tu le connais, lecteur, ce monstre délicat,
- Hypocrite lecteur, - mon semblable, - mon frère !


Baudelaire
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Atala
Invité




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MessageSujet: Re: Le vieil Hugo dans l'arène   Le vieil Hugo dans l'arène - Page 3 EmptyVen 6 Mai à 1:21:06

"Un Français qui arrive à Londres trouve les choses bien changées en philosophie comme dans tout le reste. Il a laissé le monde plein ; il le trouve vide. À Paris, on voit l'univers composé de tourbillons de matière subtile ; à Londres, on ne voit rien de cela. Chez nous, c'est la pression de la lune qui cause le débordement de la mer ; chez les Anglais, c'est la mer qui gravite vers la lune, de façon que, quand vous croyez que la lune devrait nous donner marée haute, ces Messieurs croient qu'on doit avoir marée basse ; ce qui malheureusement ne peut se vérifier, car il aurait fallu, pour s'en éclaircir, examiner la lune et les mers au premier instant de la création.

Vous remarquerez encore que le soleil, qui en France n'entre pour rien dans cette affaire, y contribue ici environ pour son quart. Chez vos cartésiens, tout se fait par une impulsion qu'on ne comprend guère ; chez M. Newton, c'est par une attraction dont on ne connaît pas mieux la cause. À Paris, vous vous la terre faite comme un melon ; à Londres, elle est aplatie des deux côtés. La lumière, pour un cartésien, existe dans l'air ; pour un newtonien, elle vient du soleil en six minutes et demie. Votre chimie fait toutes ses opérations avec des acides, des alcalis et de la matière subtile ; l'attraction domine jusque la chimie anglaise.

L'essence même des choses a totalement changé. Vous ne vous accordez ni sur la définition de l'âme ni sur celle de la matière. Descartes assure que l'âme est la même chose que la pensée, et Locke lui prouve assez bien le contraire.

Descartes assure encore que l'étendue seule fait la matière ; Newton y ajoute la solidité. Voilà de furieuses contrariétés.

Non nostrum inter vos tantas componere lites.

Ce fameux Newton, ce destructeur du système cartésien, mourut au mois de mars de l'an passé 1727. Il a vécu honoré de ses compatriotes, et a été enterré comme un roi qui aurait fait du bien à ses sujets.

On a lu ici avec avidité et l'on a traduit en anglais l'éloge que M. de Fontenelle a prononcé de M. Newton dans l'Académie des Sciences. On attendait en Angleterre le jugement de M. de Fontenelle comme une déclaration solennelle de la supériorité de la philosophie anglaise ; mais, quand on a vu qu'il Descartes à Newton, toute la société royale de Londres s'est soulevée. Loin d'acquiescer au jugement, on a critiqué ce discours. Plusieurs même (et ceux-là ne sont pas les plus philosophes) ont été choqués de cette comparaison seulement parce que Descartes était Français.

Il faut avouer que ces deux grands hommes ont été bien différents l'un de l'autre dans leur conduite, dans leur fortune et dans leur philosophie.

Descartes était né avec une imagination vive et forte, qui en fit un homme singulier dans sa vie privée comme dans sa manière de raisonner. Cette imagination ne put se cacher même dans ses ouvrages philosophiques, où l'on voit à tout moment des comparaisons ingénieuses et brillantes. La nature en presque fait un poète, et en effet il composa pour la reine de Suède un divertissement en vers que pour l'honneur de sa mémoire on n'a pas fait imprimer.

Il essaya quelque temps du métier de la guerre, et depuis étant devenu tout à fait philosophe, il ne crut pas indigne de lui de faire l'amour. Il eut de sa maîtresse une fille nommée Francine, qui mourut jeune et dont il regretta beaucoup la perte. Ainsi il éprouva tout ce qui appartient à l'humanité.

Il crut longtemps qu'il était nécessaire de fuir les hommes, et surtout sa patrie, pour philosopher en liberté. Il avait raison ; les hommes de son temps n'en savaient pas assez pour l'éclaircir, et n'étaient guère capables que de lui nuire.

Il quitta la France parce qu'il cherchait la vérité, qui y était persécutée alors par la misérable philosophie de l'École ; mais il ne trouva pas plus de raison dans les universités de la Hollande, où il se retira. Car dans le temps qu'on condamnait en France les seules propositions de sa philosophie qui vraies, il fut aussi persécuté par les prétendus philosophes de Hollande qui ne l'entendaient pas mieux, et qui, voyant de plus près sa gloire, haïssaient davantage sa personne. Il fut obligé de sortir d'Utrecht ; il essuya l'accusation d'athéisme, dernière ressource des calomniateurs ; et lui qui avait employé toute la sagacité de son esprit à chercher de nouvelles preuves de l'existence d'un Dieu, fut soupçonné de n'en point reconnaître.

Tant de persécutions supposaient un très grand mérite et une réputation éclatante : aussi avait-il l'un et l'autre. La raison perça même un peu dans le monde à travers les ténèbres de l'École et les préjugés de la superstition populaire. Son nom fit enfin tant de bruit qu'on voulut l'attirer en France par des récompenses. On lui proposa une pension de mille écus ; il vint sur cette espérance, paya les frais de la patente, qui se vendait alors, n'eut point la pension, et s'en retourna philosopher dans sa solitude de Nord-Hollande, dans le temps que le grand Galilée, à l'âge de quatre-vingts ans, gémissait dans les prisons de l'Inquisition, pour avoir démontré le mouvement de la terre. Enfin il mourut à Stockholm d'une mort prématurée et causée par un mauvais régime, au milieu de quelques savants, ses ennemis, et entre les mains d'un médecin qui le haïssait.

La carrière du chevalier Newton a été toute différente. Il a vécu quatre-vingt-cinq ans, toujours tranquille, heureux et honoré dans sa patrie.

Son grand bonheur a été non seulement d'être né dans un pays libre, mais dans un temps où les impertinences scolastiques étant bannies, la raison seule était cultivée ; et le monde ne pouvait être que son écolier, et non son ennemi.

Une opposition singulière dans laquelle il se trouve avec Descartes, c'est que, dans le cours d'une si longue vie, il n'a eu ni passion ni faiblesse ; il n'a jamais approché d'aucune femme : c'est ce qui m'a été confirmé par le médecin et le chirurgien entre les bras de qui il est mort. On peut admirer en cela mais il ne faut pas blâmer Descartes.

L'opinion publique en Angleterre sur ces deux philosophes est que le premier était un rêveur, et que l'autre était un sage.

Très peu de personnes à Londres lisent Descartes, dont effectivement les ouvrages sont devenus inutiles ; très peu lisent aussi Newton, parce qu'il faut être fort savant pour le comprendre ; cependant, tout le monde parle d'eux ; on n'accorde rien au Français et on donne tout à l'Anglais. Quelques gens croient si on ne s'en tient plus à l'horreur du vide, si on sait que l'air est pesant, si on se sert de lunettes d'approche, on en a l'obligation à Newton. Il est ici l'Hercule de la fable, à qui les ignorants attribuaient tous les faits des autres héros.

Dans une critique qu'on a faite à Londres du discours de M. de Fontenelle, on a osé avancer que Descartes n'était pas un grand géomètre. Ceux qui parlent ainsi peuvent se reprocher de battre leur nourrice ; Descartes a fait un aussi grand chemin, du point où il a trouvé la géométrie jusqu'au point où il l'a poussée, que Newton en a fait après lui : il est le premier qui ait trouvé la manière de donner les équations algébriques des courbes. Sa géométrie, grâce à lui devenue aujourd'hui commune, était de son temps si profonde qu'aucun professeur n'osa entreprendre de l'expliquer, et qu'il n'y avait en Hollande Schooten et en France que Fermat qui l'entendissent.

Il porta cet esprit de géométrie et d'invention dans la dioptrique, qui devint entre ses mains un art tout nouveau ; et s'il s'y trompa en quelque chose, c'est qu'un homme qui découvre de nouvelles terres ne peut tout d'un coup en connaître toutes les propriétés : ceux qui viennent après lui et qui rendent ces terres fertiles lui ont au moins l'obligation de la découverte. Je ne nierai pas que tous les autres ouvrages de M. Descartes fourmillent d'erreurs.

La géométrie était un guide que lui-même avait en quelque façon formé, et qui l'aurait conduit sûrement dans sa physique ; cependant il abandonna à la fin ce guide et se livra à l'esprit de système. Alors sa philosophie ne fut plus qu'un roman ingénieux, et tout au plus vraisemblable pour les ignorants. Il se trompa sur la nature de l'âme, sur les preuves de l'existence de Dieu, sur la matière, sur les lois du mouvement, sur la nature de la lumière ; il admit les idées innées, il inventa de nouveaux éléments, il créa un monde, il fit l'homme à sa mode, et on dit avec raison que l'homme de Descartes n'est en effet que celui de Descartes, fort éloigné de l'homme véritable.

Il poussa ses erreurs métaphysiques jusqu'à prétendre que deux et deux ne font quatre que parce que Dieu l'a voulu ainsi. Mais ce n'est point trop dire qu'il était estimable même dans ses égarements. Il se trompa, mais ce fut au moins avec méthode, et avec un esprit conséquent ; il détruisit les chimères absurdes dont on infatuait la jeunesse depuis deux mille ans ; il apprit aux hommes de son temps à raisonner et à se servir contre lui-même de ses armes. S'il n'a pas payé en bonne monnaie, c'est beaucoup d'avoir décrié la fausse.

Je ne crois pas qu'on ose, à la vérité, comparer en rien sa philosophie avec celle de Newton : la première est un essai, la seconde est un chef-d'oeuvre. Mais celui qui nous a mis sur la voie de la vérité vaut peut-être celui qui a été depuis au bout de cette carrière.

Descartes donna la vue aux aveugles ; ils virent les fautes de l'Antiquité et les siennes. La route qu'il ouvrit est, depuis lui, devenue immense. Le petit livre de Rohaut a fait pendant quelque temps une physique complète ; aujourd'hui, tous les recueils des académies de l'Europe ne font pas même un de système : en approfondissant cet abîme, il s'est trouvé infini. Il s'agit maintenant de voir ce que M. Newton a creusé dans ce précipice."


Voltaire / Lettres philosophiques.
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Atala
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MessageSujet: Re: Le vieil Hugo dans l'arène   Le vieil Hugo dans l'arène - Page 3 EmptyVen 6 Mai à 14:22:20

Rien n'est plus beau que le vrai, le vrai seul est aimable.
Fin d'août 1805.


J'ai vu beaucoup de montagnes en Europe et en Amérique, et il m'a toujours paru que, dans les descriptions de ces grands monuments de la nature, on alloit au-delà de la vérité. Ma dernière expérience à cet égard ne m'a point fait changer de sentiment. J'ai visité la vallée de Chamouni, devenue célèbre par les travaux de M. de Saussure; mais je ne sais si le poëte y trouveroit le speciosa deserti comme le minéralogiste. Quoi qu'il en soit, j'exposerai avec simplicité les réflexions que j'ai faites dans mon voyage. Mon opinion, d'ailleurs, a trop peu d'autorité pour qu'elle puisse choquer personne.

Sorti de Genève par un temps assez nébuleux, j'arrivai à Servoz au moment où le ciel commençoit à s'éclaircir. La crête du Mont-Blanc ne se découvre pas de cet endroit, mais on a une vue distincte de sa croupe neigée, appelée le Dôme. On franchit ensuite le passage des Montées, et l'on entre dans la vallée de Chamouni. On passe au-dessous du glacier des Bossons; ses pyramides se montrent à travers les branches des sapins et des mélèzes. M. Bourrit a comparé ce glacier, pour sa blancheur et la coupe allongée de ses cristaux, à une flotte à la voile; j'ajouterois, au milieu d'un golfe bordé de vertes forêts.

Je m'arrêtai au village de Chamouni, et le lendemain je me rendis au Montanvert. J'y montai par le plus beau jour de l'année. Parvenu à son sommet, qui n'est qu'une croupe du Mont-Blanc, je découvris ce qu'on nomme très improprement la Mer de Glace.

Qu'on se représente une vallée dont le fond est entièrement couvert par un fleuve. Les montagnes qui forment cette vallée laissent pendre au-dessus de ce fleuve une masse de rochers, les aiguilles du Dru, du Bochard, des Charmoz. Dans l'enfoncement, la vallée et le fleuve se divisent en deux branches, dont l'une va aboutir à une haute montagne, le Col du Géant, et l'autre aux rochers des Jorasses. Au bout opposé de cette vallée se trouve un pente qui regarde la vallée de Chamouni. Cette pente, presque verticale, est occupée par la portion de la mer de Glace qu'on appelle le Glacier des Bois. Supposez donc un rude hiver survenu; le fleuve qui remplit la vallée, ses inflexions et ses pentes, a été glacé jusqu'au fond de son lit; les sommets des monts voisins se sont chargés de neige partout où les plans du granit ont été assez horizontaux pour retenir les eaux congelées: voilà la Mer de Glace et son site. Ce n'est point, comme on le voit, une mer; c'est, si l'on veut, le Rhin glacé; la Mer de Glace sera son cours, et le Glacier des Bois sa chute à Laufen.
Lorsqu'on est sur la Mer de Glace, la surface qui vous en paroissoit unie du haut du Montanvert, offre une multitude de pointes et d'anfractuosités. Ces pointes imitent les formes et les déchirures de la haute enceinte de rocs qui surplombent de toutes parts: c'est comme le relief en marbre blanc des montagnes environnantes.

Parlons maintenant des montagnes en général.

Il y a deux manières de les voir: avec les nuages, ou sans les nuages.

Avec les nuages, la scène est plus animée; mais alors elle est obscure, et souvent d'une telle confusion, qu'on peut à peine y distinguer quelques traits.
Les nuages drapent les rochers de mille manières. J'ai vu au-dessus de Servoz un piton chauve et ridé qu'une nue traversoit obliquement comme une toge; on l'auroit pris pour la statue colossale d'un vieillard romain. Dans un autre endroit, on apercevoit la pente défrichée de la montagne; une barrière de nuages arrêtoit la vue à la naissance de cette pente, et au-dessus de cette barrière s'élevoient de noires ramifications de rochers imitant des gueules de Chimère, des corps de Sphinx, des têtes d'Anubis, diverses formes des monstres et des dieux de l'Egypte.

Quand les nues sont chassées par le vent, les monts semblent fuir derrière ce rideau mobile: ils se cachent et se découvrent tour à tour; tantôt un bouquet de verdure se montre subitement à l'ouverture d'un nuage, comme une île suspendue dans le ciel; tantôt un rocher se dévoile avec lenteur, et perce peu à peu la vapeur profonde comme un fantôme. Le voyageur attristé n'entend que le bourdonnement du vent dans les pins, le bruit des torrents qui tombent dans les glaciers, par intervalle la chute de l'avalanche, et quelquefois le sifflement de la marmotte effrayée qui a vu l'épervier dans la nue.

Lorsque le ciel est sans nuages, et que l'amphithéâtre des monts se déploie tout entier à la vue, un seul accident mérite alors d'être observé: les sommets des montagnes, dans la haute région où ils se dressent, offrent une pureté de lignes, une netteté de plan et de profil que n'ont point les objets de la plaine. Ces cimes anguleuses, sous le dôme transparent du ciel, ressemblent à de superbes morceaux d'histoire naturelle, à de beaux arbres de coraux, à des girandoles de stalactite, renfermés sous un globe de cristal le plus pur. Le montagnard cherche dans ses découpures élégantes l'image des objets qui lui sont familiers: de là ces roches nommées les Mulets, les Charmoz, ou les Chamois; de là ces appellations empruntées de la religion, les sommets de Croix, le rocher du Reposoir, le glacier des Pèlerins; dénominations naïves qui prouvent que, si l'homme est sans cesse occupé de l'idée de ses besoins, il aime à placer partout le souvenir de ses consolations.


FR de Chateaubriand / Voyage au Mont Blanc.
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La Guêpe
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MessageSujet: Re: Le vieil Hugo dans l'arène   Le vieil Hugo dans l'arène - Page 3 EmptyVen 6 Mai à 14:45:01

Atala a écrit:

FR de Chateaubriand / Voyage au Mont Blanc.


Il faut lire ses phrases en apnée.
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Cathy
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MessageSujet: Re: Le vieil Hugo dans l'arène   Le vieil Hugo dans l'arène - Page 3 EmptyVen 6 Mai à 16:31:31

La Guêpe a écrit:
Atala a écrit:

FR de Chateaubriand / Voyage au Mont Blanc.


Il faut lire ses phrases en apnée.

c'est plus poétique quand c'est Atala qui parle de ses montagnes... :rideau:

Mais j'adore lire les mots écrit pas ceusse qu'ont laissés leur nom à des rues aussi :whistle:
J'adore ce topic...vraiment :crosscrusher:
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Atala
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MessageSujet: Re: Le vieil Hugo dans l'arène   Le vieil Hugo dans l'arène - Page 3 EmptyVen 6 Mai à 18:07:20

Cathy a écrit:


c'est plus poétique quand c'est Atala qui parle de ses montagnes... :rideau:


Chateaubriand détestait les montagnes et aimait les femmes.

Tout mon contraire. :airforceone:
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Atala
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MessageSujet: Re: Le vieil Hugo dans l'arène   Le vieil Hugo dans l'arène - Page 3 EmptyVen 6 Mai à 18:17:55

La preuve? Respire un grand coup La Guêpe.

Mais, pour venir enfin à mon sentiment particulier sur les montagnes, je dirai que, comme il n'y a pas de beaux paysages sans un horizon de montagnes, il n'y a point aussi de lieux agréables à l'habiter ni de satisfaisants pour les yeux et pour le cœur là où on manque d'air et d'espace; or, c'est ce qui arrive dans l'intérieur des monts. Ces lourdes masses ne sont point en harmonie avec les facultés de l'homme et la foiblesse de ses organes.
On attribue aux paysages des montagnes la sublimité: celle-ci tient sans doute à la grandeur des objets. Mais, si l'on prouve que cette grandeur, très réelle en effet, n'est cependant pas sensible au regard, que devient la sublimité?

Il en est des monuments de la nature comme de ceux de l'art: pour jouir de leur beauté, il faut être au véritable point de perspective; autrement les formes, les couleurs, les proportions, tout disparoît. Dans l'intérieur des montagnes, comme on touche à l'objet même, et comme le champ de l'optique est trop resserré, les dimensions perdent nécessairement leur grandeur: chose si vraie, que l'on est continuellement trompé sur les hauteurs et sur les distances. J'en appelle aux voyageurs: le Mont-Blanc leur a-t-il paru fort élevé du fond de la vallée de Chamouni? Souvent un lac immense dans les Alpes a l'air d'un petit étang; vous croyez arriver en quelques pas au haut d'une pente que vous êtes trois heures à gravir; une journée entière vous suffit à peine pour sortir de cette gorge, à l'extrémité de laquelle il vous sembloit que vous touchiez de la main. Ainsi cette grandeur des montagnes, dont on fait tant de bruit, n'est réelle que par la fatigue qu'elle vous donne. Quant au paysage, il n'est guère plus grand à l'œil qu'un paysage ordinaire.

Mais ces monts qui perdent leur grandeur apparente quand ils sont trop rapprochés du spectateur, sont toutefois si gigantesques qu'ils écrasent ce qui pourroit leur servir d'ornement. Ainsi, par des lois contraires, tout se rapetisse à la fois dans les défilés des Alpes, et l'ensemble et les détails. Si la nature avoit ait les arbres cent fois plus grands sur les montagnes que dans les plaines; si les fleuves et les cascades y versoient des eaux cent fois plus abondantes, ces grands bois, ces grandes eaux pourroient produire des effets pleins de majesté sur les flancs élargis de la terre. Il n'en est pas de la sorte; le cadre du tableau s'accroît démesurément, et les rivières, les forêts, les villages, les troupeaux gardent les proportions ordinaires: alors il n'y a plus de rapport entre le tout et la partie, entre le théâtre et la décoration. Le plan des montagnes étant vertical devient une échelle toujours dressée où l'œil rapporte et compare les objets qu'il embrasse; et ces objets accusent tour à tour leur petitesse sur cette énorme mesure. Les pins les plus altiers, par exemple, se distinguent à peine dans l'escarpement des vallons, où ils paroissent collés comme des flocons de suie. La trace des eaux pluviales est marquée dans ces bois grêles et noirs par de petites rayures jaunes et parallèles; et les torrents les plus larges, les cataractes les plus élevées, ressemblent à de maigres filets d'eau ou à des vapeurs bleuâtres.
Ceux qui ont aperçu des diamants, des topazes, des émeraudes dans les glaciers, sont plus heureux que moi: mon imagination n'a jamais pu découvrir ces trésors. Les neiges du bas Glacier des Bois, mêlées à la poussière du granit, m'ont paru semblables à de la cendre; on pourroit prendre la Mer de Glace, dans plusieurs endroits, pour des carrières de chaux et de plâtre; ses crevasses seules offrent quelques teintes du prisme, et quand les couches de glace sont appuyées sur le roc, elles ressemblent à de gros verres de bouteille.

Ces draperies blanches des Alpes ont d'ailleurs un grand inconvénient; elles noircissent tout ce qui les environne, et jusqu'au ciel dont elles rembrunissent l'azur. Et ne croyez pas que l'on soit dédommagé de cet effet désagréable par les beaux accidents de la lumière sur les neiges. La couleur dont se peignent les montagnes lointaines est nulle pour le spectateur placé à leur pied. La pompe dont le soleil couchant couvre la cime des Alpes de la Savoie n'a lieu que pour l'habitant de Lausanne. Quant au voyageur de la vallée de Chamouni, c'est en vain qu'il attend ce brillant spectacle. Il voit, comme du fond d'un entonnoir, au-dessus de sa tête, une petite portion d'un ciel bleu et dur, sans couchant et sans aurore; triste séjour où le soleil jette à peine un regard à midi par-dessus une barrière glacée.

Qu'on me permette, pour me faire mieux entendre, d'énoncer une vérité triviale. Il faut une toile pour peindre: dans la nature le ciel est la toile des paysages; s'il manque au fond du tableau, tout est confus et sans effet. Or, les monts, quand on en est trop voisin, obstruent la plus grande partie du ciel. Il n'y a pas assez d'air autour de leurs cimes; ils se font ombre l'un à l'autre et se prêtent mutuellement les ténèbres qui résident dans quelque enfoncement de leurs rochers. Pour savoir si les paysages des montagnes avoient une supériorité si marquée, il suffisoit de consulter les peintres: ils ont toujours jeté les monts dans les lointains, en ouvrant à l'œil un paysage sur les bois et sur les plaines.
Un seul accident laisse aux sites des montagnes leur majesté naturelle: c'est le clair de lune. Le propre de ce demi-jour sans reflets et d'une seule teinte est d'agrandir les objets en isolant les masses et en faisant disparoître cette gradation de couleurs qui lie ensemble les parties d'un tableau. Alors plus les coupes des monuments sont franches et décidées, plus leur dessin a de longueur et de hardiesse, et mieux la blancheur de la lumière profile les lignes de l'ombre. C'est pourquoi la grande architecture romaine, comme les contours des montagnes, est si belle à la clarté de la lune.
Le grandiose, et par conséquent l'espèce de sublime qu'il fait naître, disparoît donc dans l'intérieur des montagnes: voyons si le gracieux s'y trouve dans un degré plus éminent.


(…)On parle beaucoup des fleurs des montagnes, des violettes que l'on cueille au bord des glaciers, des fraises qui rougissent dans la neige, etc. Ce sont d'imperceptibles merveilles qui ne produisent aucun effet: l'ornement est trop petit pour des colosses.
Enfin, je suis bien malheureux, car je n'ai pu voir dans ces fameux chalets enchantés par l'imagination de J.J. Rousseau que de méchantes cabanes remplies du fumier des troupeaux, de l'odeur des fromages et du lait fermenté; je n'y ai trouvé pour habitants que de misérables montagnards qui se regardent comme en exil et aspirent à descendre dans la vallée.
De petits oiseaux muets, voletant de glaçons en glaçons, des couples assez rares de corbeaux et d'éperviers, animent à peine ces solitudes de neiges et de pierres, où la chute de la pluie est presque toujours le seul mouvement qui frappe vos yeux. Heureux quand le pivert, annonçant l'orage, fait retentir sa voix cassée au fond d'un vieux bois de sapins! Et pourtant ce triste signe de vie rend plus sensible la mort qui vous environne. Les chamois, les bouquetins, les lapins blancs sont presque entièrement détruits; les marmottes même deviennent rares, et le petit Savoyard est menacé de perdre don trésor. Les bêtes sauvages ont été remplacées sur les sommets des Alpes par des troupeaux de vaches qui regrettent la plaine aussi bien que leurs maîtres. Couchés dans les herbages du pays de Caux, ces troupeaux offriroient une scène aussi belle, et ils auroient en outre le mérite de rappeler les descriptions des poètes de l'antiquité.



Il ne reste plus qu'à parler du sentiment qu'on éprouve dans les montagnes. Eh bien! ce sentiment, selon moi, est fort pénible. Je ne puis être heureux là où je vois partout les fatigues de l'homme et ses travaux inouïs qu'une terre ingrate refuse de payer. Le montagnard, qui sent son mal, est plus sincère que les voyageurs; il appelle la plaine le bon pays, et ne prétend pas que des rochers arrosés de ses sueurs, sans en être plus fertiles, soient ce qu'il y a de meilleur dans les distributions de la Providence. S'il est très attaché à sa montagne, cela tient aux relations merveilleuses que Dieu a établies entre nos peines, l'objet qui les cause et les lieux où nous les avons éprouvées; cela tient aux souvenirs de l'enfance, aux premiers sentiments du cœur, aux douceurs, et même aux rigueurs de la maison paternelle. Plus solitaire que les autres hommes, plus sérieux par l'habitude de souffrir, le montagnard appuie davantage sur tous les sentiments de sa vie. Il ne faut pas attribuer aux charmes des lieux qu'il habite l'amour extrême qu'il montre pour son pays; cet amour vient de la concentration de ses pensées, et du peu d'étendue de ses besoins.

Mais les montagnes sont le séjour de la rêverie? j'en doute; je doute qu'on puisse rêver lorsque la promenade est une fatigue; lorsque l'attention que vous êtes obligé de donner à vos pas occupe entièrement votre esprit. L'amateur de la solitude qui bayeroit aux chimères en gravissant le Montanvert pourroit bien tomber dans quelque puits, comme l'astrologue qui prétendoit lire au-dessus de sa tête et ne pouvoit voir à ses pieds.
Je sais que les poëtes ont désiré les vallées et les bois pour converser avec les muses. Mais écoutons Virgile:
Rura mihi et rigui placeant in vallibus amnes:
Flumina amem, sylvasque inglorius.
D'abord il se plairoit aux champs, ruha mihi; il chercheroit les vallées agréables, riantes, gracieuses, vallibus amnes; il aimeroit les fleuves, flumina amem (non pas les torrents), et les forêts où il vivroit sans gloire, sylvasque inglorius. Ces forêts sont de belles futaies de chênes, d'ormeaux, de hêtres, et non de tristes bois de sapions; car il n'eût pas dit:
Et ingendi ramorum protegat umbra,
"Et d'un feuillage épais ombragera ma tête."
Et où veut-il que cette vallée soit placée? dans un lieu où il y aura de beaux souvenirs, des noms harmonieux, des traditions de la Fable et de l'Histoire.
.............................................. O ubi campi,
Sperchiusque, et virginibus bacchata lacænis
Taygeta! O qui me gelidis in vallibus Haemi
Sistat!
Dieux! que ne suis-je assis au bord du Sperchius!
Quand pourrai-je fouler les beaux vallons d'Hémus!
Oh! qui me portera sur le riant Taygète!


Il se seroit peu soucié de la vallée de Chamouni, du glacier de Taconay, de la petite et de la grande Jorasse, de l'aiguille du Dru et du rocher de la Tête-Noire.
Enfin, si nous en croyons Rousseau et ceux qui ont recueilli ses erreurs sans hériter de son éloquence, quand on arrive au sommet des montagnes on se sent transformé en un autre homme. "Sur les hautes montagnes, dit Jean-Jacques, les méditations prennent un caractère grand, sublime, proportionné aux objets qui nous frappent; je ne sais quelle volupté tranquille qui n'a rien d'âcre et de sensuel. Il semble qu'en s'élevant au-dessus du séjour des hommes, on y laisse tous les sentiments bas et terrestres... Je doute qu'aucune agitation violente pût tenir contre un pareil séjour prolongé, etc."

Plût à Dieu qu'il en fût ainsi! Qu'il seroit doux de pouvoir se délivrer de ses maux en s'élevant à quelques toises au-dessus de la plaine! Malheureusement l'âme de l'homme est indépendante de l'air et des sites; un cœur chargé de sa peine n'est pas moins pesant sur les hauts lieux que dans les vallées. L'antiquité, qu'il faut toujours citer quand il s'agit de vérité de sentiments, ne pensoit pas comme Rousseau sur les montagnes; elle les représente au contraire comme le séjour de la désolation et de la douleur: si l'amant de Julie oublie ses chagrins parmi les rochers du Valais, l'époux d'Eurydice nourrit ses douleurs sur les monts de la Thrace. Malgré le talent du philosophe genevois, je doute que la voix de Saint-Preux retentisse aussi longtemps dans l'avenir que la lyre d'Orphée. Œdipe, ce parfait modèle des calamités royales, cette image accomplie de tous les maux de l'humanité cherche aussi les sommets déserts.



FR de Chateaubriand.
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MessageSujet: Re: Le vieil Hugo dans l'arène   Le vieil Hugo dans l'arène - Page 3 EmptyVen 6 Mai à 18:23:59

A titre personnel j'adore le "etc" qui ponctue la citation de Rousseau.

Vraiment sympa le François René. Mr. Green
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MessageSujet: Re: Le vieil Hugo dans l'arène   Le vieil Hugo dans l'arène - Page 3 EmptyVen 6 Mai à 18:56:11

Atala a écrit:
A titre personnel j'adore le "etc" qui ponctue la citation de Rousseau.

Vraiment sympa le François René. Mr. Green


Je l'ai jamais aimé celui-là.
Tout comme Lamartine.
On commence la phrase.
10 lignes après, on est toujours dans la même phrase.
Résultat : on ne sait plus de quoi ils parlaient au début.

Et puis, quand on est à la montagne ou à l'océan, on ne bavasse pas.
On se tait et on admire.

:jap:
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Atala
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MessageSujet: Re: Le vieil Hugo dans l'arène   Le vieil Hugo dans l'arène - Page 3 EmptyVen 6 Mai à 19:26:54

La Guêpe a écrit:
Atala a écrit:
A titre personnel j'adore le "etc" qui ponctue la citation de Rousseau.

Vraiment sympa le François René. Mr. Green


Je l'ai jamais aimé celui-là.
Tout comme Lamartine.
On commence la phrase.
10 lignes après, on est toujours dans la même phrase.
Résultat : on ne sait plus de quoi ils parlaient au début.

Et puis, quand on est à la montagne ou à l'océan, on ne bavasse pas.
On se tait et on admire.

:jap:

Rousseau est suisse. Papa, le papa de papa, le papa de maman étaient horlogers. Leur papa aussi...

Il a donc tout naturellement donné à ses phrases le rythme effréné du balancier de l'horloge de la cuisine qui le vit grandir. Autant de fantaisie aussi.

Et sans le savoir il a marqué le temps en inventant une nouvelle unité permettant de le mesurer : une page du "Contrat social" équivaut exactement à mille longues secondes de lecture.

Quant à Lamartine j'aime assez ce qu'en écrivait J Renard :

"Lamartine rêve cinq minutes et écrit une heure. L'art c'est le contraire…"

Mr. Green
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MessageSujet: Re: Le vieil Hugo dans l'arène   Le vieil Hugo dans l'arène - Page 3 EmptyVen 6 Mai à 20:38:42

Atala a écrit:
Cathy a écrit:


c'est plus poétique quand c'est Atala qui parle de ses montagnes... :rideau:


Chateaubriand détestait les montagnes et aimait les femmes.

Tout mon contraire. :airforceone:


j'ai un sentiment assez ambivalent par rapport au peu que je sais de lui...

Je le sens assez coupé de son âme...
Raisonnablement,il est objectif,mais à regarder avec les yeux sans pouvoir regarder avec le coeur,il me donne l'impression d'avoir des oeillères...
Le deuxième texte,me le confirmerait...ce qu'il en pense à la fin de sa vie m'aurait interessé...
Quant à aimer les femmes...tout dépend de ce que l'on entend par aimer...un autre débat,j'en connais trop peu sur lui pour me faire une opinion...Il en était aimé,c'est assez probable...
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Atala
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MessageSujet: Re: Le vieil Hugo dans l'arène   Le vieil Hugo dans l'arène - Page 3 EmptyVen 6 Mai à 21:21:05

Cathy a écrit:


Je le sens assez coupé de son âme...

Ah ben merde alors.

On ne lui avait jamais reproché ça.

Moi qui le pensais plutôt habitant son âme. :airforceone:
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MessageSujet: Re: Le vieil Hugo dans l'arène   Le vieil Hugo dans l'arène - Page 3 EmptyVen 6 Mai à 21:25:15

Atala a écrit:
Cathy a écrit:


Je le sens assez coupé de son âme...

Ah ben merde alors.

On ne lui avait jamais reproché ça.

Moi qui le pensais plutôt habitant son âme. :airforceone:

pas un reproche,une impression simplement...

Pi ça dépend de ce qu'on met derrière le mot âme...

L'impression d'un grand recul,mais d'un regard derrière des jumelles,ou les yeux sont le plus important sens utilisé...
pour moi l'âme voit les yeux fermé... :airforceone:
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MessageSujet: Re: Le vieil Hugo dans l'arène   Le vieil Hugo dans l'arène - Page 3 EmptyVen 6 Mai à 21:32:34

Cathy a écrit:


L'impression d'un grand recul,mais d'un regard derrière des jumelles,ou les yeux sont le plus important sens utilisé...
pour moi l'âme voit les yeux fermé...
:airforceone:

Antonin Artaud.

Gagné? :sarcastic:
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MessageSujet: Re: Le vieil Hugo dans l'arène   Le vieil Hugo dans l'arène - Page 3 EmptyVen 6 Mai à 21:35:03

Atala a écrit:
Cathy a écrit:


L'impression d'un grand recul,mais d'un regard derrière des jumelles,ou les yeux sont le plus important sens utilisé...
pour moi l'âme voit les yeux fermé...
:airforceone:

Antonin Artaud.

Gagné? :sarcastic:

j'avais bien un grand oncle qui s'appellait Antonin,mais ça doit pas être lui...c'est qui celui là?? :my_ouch:

le frère de Florence???gagné??
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Atala
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MessageSujet: Re: Le vieil Hugo dans l'arène   Le vieil Hugo dans l'arène - Page 3 EmptyVen 6 Mai à 21:38:18

Cathy a écrit:
Atala a écrit:
Cathy a écrit:


L'impression d'un grand recul,mais d'un regard derrière des jumelles,ou les yeux sont le plus important sens utilisé...
pour moi l'âme voit les yeux fermé...
:airforceone:

Antonin Artaud.

Gagné? :sarcastic:

j'avais bien un grand oncle qui s'appellait Antonin,mais ça doit pas être lui...c'est qui celui là?? :my_ouch:

le frère de Florence???gagné??

Tu connais pas??

Attends je vais te chercher un de ses poèmes. En plus il va plaire à La Guêpe : on y respire entre tous les mots, ça cause de poiscails et d'obéissance. :sarcastic:

Je reviens.
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MessageSujet: Re: Le vieil Hugo dans l'arène   Le vieil Hugo dans l'arène - Page 3 EmptyVen 6 Mai à 21:41:16

j'attends,ça va me changer de la suite du sujet que je dois continuer à copier... :rideau:

je le connais pas...
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Atala
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MessageSujet: Re: Le vieil Hugo dans l'arène   Le vieil Hugo dans l'arène - Page 3 EmptyVen 6 Mai à 21:44:22

Dédicace spéciale à La Guêpe qui pour une fois va trouver un sens à la poésie...


Je me suis penché sur la mer
Pour communiquer mon message
Aux poissons:
«Voilà ce que je cherche et que je veux savoir.»

Les petits poissons argentés
Du fond des mers sont remontés
Répondre à ce que je voulais.

La réponse des petits poissons était:
«Nous ne pouvons pas vous le dire
Monsieur
PARCE QUE»
Là la mer les a arrêtés.

Alors j'ai écarté la mer
Pour les mieux fixer au visage
Et leur ai redit mon message:
«Vaut-il mieux être que d'obéir?»

Je le leur redis une fois, je leur dis une seconde
Mais j'eus beau crier à la ronde
Ils n'ont pas voulu entendre raison!

Je pris une bouilloire neuve
Excellente pour cette épreuve
Où la mer allait obéir.

Mon coeur fit hamp, mon coeur fit hump
Pendant que j'actionnais la pompe
À eau douce, pour les punir.

Un, qui mit la tête dehors
Me dit: «Les petits poissons sont tous morts.»

«C'est pour voir si tu les réveilles,
Lui criai-je en plein dans l'oreille,
Va rejoindre le fond de la mer.»

Dodu Mafflu haussa la voix jusqu'à hurler en déclamant ces trois derniers vers,
et Alice pensa avec un frisson: «Pour rien au monde je n'aurai voulu être ce messager!»


Celui qui n'est pas ne sait pas
L'obéissant ne souffre pas.

C'est à celui qui est à savoir
Pourquoi l'obéissance entière
Est ce qui n'a jamais souffert

Lorsque l'être est ce qui s'effrite
Comme la masse de la mer.

Jamais plus tu ne seras quitte,
Ils vont au but et tu t'agites.
Ton destin est le plus amer.

Les poissons de la mer sont morts
Parce qu'ils ont préféré à être
D'aller au but sans rien connaître
De ce que tu appelles obéir.

Dieu seul est ce qui n'obéit pas,
Tous les autres êtres ne sont pas
Encore, et ils souffrent.

Ils souffrent ni vivants ni morts.
Pourquoi?

Mais enfin les obéissants vivent,
On ne peut pas dire qu'ils ne sont pas.

Ils vivent et n'existent pas.
Pourquoi?

Pourquoi? Il faut faire tomber la porte
Qui sépare l'Être d'obéir!

L'Être est celui qui s'imagine être
Être assez pour se dispenser
D'apprendre ce que veut la mer...

Mais tout petit poisson le sait!

Il y eut une longue pause.
«Est-ce là tout? demanda Alice timidement.»


Antonin Artaud /Petit poème des poissons de la mer
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MessageSujet: Re: Le vieil Hugo dans l'arène   Le vieil Hugo dans l'arène - Page 3 EmptyVen 6 Mai à 21:54:29

Pas tout compris ce qu'il a voulu dire...
Je le relierai à un autre moment,là il est un peu confus pour moi,je ne vois pas le sens profond...
Et si Dieu est en nous,doit-on être ou obéïr?
Et obéïr à qui??? :jongle:


prends un petit poisson,glisse le entre les jambes.
Il n'y a pas de raison,pour se tirer la langue... :fleur:

Je comprends mieux Chateaubriand...ce qu'il dit à du sens pour moi,même si c'est pas le bon :airforceone:
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MessageSujet: Re: Le vieil Hugo dans l'arène   Le vieil Hugo dans l'arène - Page 3 EmptyVen 6 Mai à 21:58:09

Cathy a écrit:
Pas tout compris ce qu'il a voulu dire...
Je le relierai à un autre moment,là il est un peu confus pour moi,je ne vois pas le sens profond...
Et si Dieu est en nous,doit-on être ou obéïr?
Et obéïr à qui??? :jongle:


prends un petit poisson,glisse le entre les jambes.
Il n'y a pas de raison,pour se tirer la langue... :fleur:

Je comprends mieux Chateaubriand...ce qu'il dit à du sens pour moi,même si c'est pas le bon :airforceone:

On va attendre La Guêpe pour une interprétation fiable. :jongle:
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Cathy
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MessageSujet: Re: Le vieil Hugo dans l'arène   Le vieil Hugo dans l'arène - Page 3 EmptyVen 6 Mai à 21:59:35

Atala a écrit:
Cathy a écrit:
Pas tout compris ce qu'il a voulu dire...
Je le relierai à un autre moment,là il est un peu confus pour moi,je ne vois pas le sens profond...
Et si Dieu est en nous,doit-on être ou obéïr?
Et obéïr à qui??? :jongle:


prends un petit poisson,glisse le entre les jambes.
Il n'y a pas de raison,pour se tirer la langue... :fleur:

Je comprends mieux Chateaubriand...ce qu'il dit à du sens pour moi,même si c'est pas le bon :airforceone:

On va attendre La Guêpe pour une interprétation fiable. :jongle:

c'est effectivement préférable :jongle: :whistle:
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MessageSujet: Re: Le vieil Hugo dans l'arène   Le vieil Hugo dans l'arène - Page 3 EmptySam 7 Mai à 4:03:46

Atala a écrit:
Cathy a écrit:
Pas tout compris ce qu'il a voulu dire...
Je le relierai à un autre moment,là il est un peu confus pour moi,je ne vois pas le sens profond...
Et si Dieu est en nous,doit-on être ou obéïr?
Et obéïr à qui??? :jongle:


prends un petit poisson,glisse le entre les jambes.
Il n'y a pas de raison,pour se tirer la langue... :fleur:

Je comprends mieux Chateaubriand...ce qu'il dit à du sens pour moi,même si c'est pas le bon :airforceone:

On va attendre La Guêpe pour une interprétation fiable. :jongle:



Il me gonfle celui-là aussi.
Les poissons, je les mange, j'en parle pas.

D'ailleurs tout me gonfle.

Particulièrement les mecs.

:jap:
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MessageSujet: Re: Le vieil Hugo dans l'arène   Le vieil Hugo dans l'arène - Page 3 EmptySam 7 Mai à 4:22:37

Je préfère celui-ci :

Ils sont à table
Ils ne mangent pas
Ils ne sont pas dans leur assiette
Et leur assiette se tient toute droite
Verticalement derrière leur tête.

La Cène
, Prévert.

Ou celui-là :

Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !

Au-dessus de l'île on voit des oiseaux
Tout autour de l'île il y a de l'eau

Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !

Qu'est-ce que c'est que ces hurlements

Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !

C'est la meute des honnêtes gens
Qui fait la chasse à l'enfant

Il avait dit J'en ai assez de la maison de redressement
Et les gardiens à coups de clefs lui avaient brisé les dents
Et puis ils l'avaient laissé étendu sur le ciment

Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !

Maintenant il s'est sauvé
Et comme une bête traquée
Il galope dans la nuit
Et tous galopent après lui
Les gendarmes les touristes les rentiers les artistes

Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !

C'est la meute des honnêtes gens
Qui fait la chasse à l'enfant
Pour chasser l'enfant pas besoin de permis
Tous les braves gens s'y sont mis
Qu'est ce qui nage dans la nuit
Quels sont ces éclairs ces bruits
C'est un enfant qui s'enfuit
On tire sur lui à coups de fusil

Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !

Tous ces messieurs sur le rivage
Sont bredouilles et verts de rage

Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !

Rejoindras-tu le continent rejoindras-tu le continent

Au-dessus de l'île on voit des oiseaux
Tout autour de l'île il y a de l'eau.

Chasse à l'Enfant
, Prévert.
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MessageSujet: Re: Le vieil Hugo dans l'arène   Le vieil Hugo dans l'arène - Page 3 EmptySam 7 Mai à 9:09:14

La Guêpe a écrit:
D'ailleurs tout me gonfle.

Particulièrement les mecs.

:jap:

bon pour ton régime grossissant ça, non? :dawa_neowen:
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